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Depuis quelques années, le vapotage chez les jeunes est devenu un véritable sujet de préoccupation au Royaume-Uni. Alors que la cigarette électronique était initialement promue comme une alternative au tabac pour les adultes, elle a aussi séduit les adolescents. Pour répondre à cette problématique grandissante, un hôpital de Liverpool a mis en place un service unique en son genre, spécialement conçu pour aider les 11-15 ans à décrocher du vapotage.
Un programme d’accompagnement sur mesure
Le Alder Hey Children’s Hospital de Liverpool est désormais le premier établissement du Royaume-Uni à proposer un service médical dédié au sevrage du vapotage chez les mineurs. Ce programme s’adresse aux jeunes de 11 à 15 ans qui ont développé une dépendance aux cigarettes électroniques, notamment aux fameuses « puffs », ces vapoteuses jetables aux saveurs fruitées qui font fureur dans les cours de récré.
L’objectif principal de ce service est d’aider ces adolescents à arrêter le vapotage avant que leur dépendance ne s’installe durablement. Et pour cause, les chiffres sont alarmants : selon l’organisation caritative Action on Smoking and Health (ASH), la proportion de jeunes vapoteurs de 11 à 15 ans a doublé entre 2021 et 2024, passant de 2,2 % à 4,6 %. Chez les 16-17 ans, l’augmentation est encore plus marquée, atteignant 14,1 %.
Le gouvernement britannique a déjà pris des mesures pour contrer ce phénomène, notamment en annonçant l’interdiction des puffs à partir de l’année prochaine. Mais pour les jeunes qui sont déjà accros, une simple interdiction ne suffira pas. D’où la nécessité d’un accompagnement spécifique, comme celui proposé par cet hôpital.
Comprendre et traiter la dépendance des jeunes
Ce service hospitalier ne se contente pas d’aider les adolescents à arrêter de vapoter. Il a aussi une mission de recherche : mieux comprendre la dépendance à la nicotine chez les plus jeunes. Contrairement aux adultes, les adolescents ne fument généralement pas pour gérer le stress ou compenser une dépendance antérieure au tabac. Leur consommation est souvent liée à des facteurs sociaux, à l’effet de mode et à la curiosité.
Les experts de l’hôpital vont ainsi analyser les mécanismes de cette dépendance pour proposer des traitements adaptés. Selon les cas, les jeunes patients pourront bénéficier de substituts nicotiniques, d’un suivi psychologique et d’autres approches thérapeutiques sur-mesure.
Autre enjeu de taille : certaines cigarettes électroniques contiennent des substances dangereuses au-delà de la nicotine. Une étude britannique menée sur des vapoteuses confisquées dans des écoles a révélé que 16 % d’entre elles contenaient des drogues de synthèse. Cela complique encore davantage la prise en charge des jeunes consommateurs, certains pouvant être exposés à des substances aux effets bien plus graves que la nicotine.
Une dépendance pas seulement physique
Un autre défi pour les médecins de ce service hospitalier, c’est de traiter la dépendance comportementale. Certains adolescents ne sont pas accros à la nicotine en elle-même, mais à l’acte de vapoter : le geste, la sensation en bouche, l’habitude de prendre une bouffée en présence de leurs amis… Ces éléments rendent le sevrage plus complexe, car il ne s’agit pas seulement d’un besoin chimique, mais aussi d’un réflexe ancré dans leur quotidien.
Selon Hazel Cheeseman, directrice générale de l’association ASH, les jeunes suivis par ce programme seront souvent d’anciens fumeurs ou des adolescents à risque. Il sera donc essentiel de les accompagner de manière globale, en leur proposant des alternatives pour éviter qu’ils ne retournent vers le tabac.
Ce projet est encore à ses débuts, et il faudra attendre plusieurs mois avant d’en mesurer pleinement l’efficacité. Mais il marque une étape importante dans la lutte contre le vapotage des mineurs. Si ce modèle fonctionne, il pourrait être reproduit dans d’autres hôpitaux britanniques, voire inspirer d’autres pays confrontés au même problème.