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Depuis quelques années, la vape s’est imposée comme une alternative populaire à la cigarette traditionnelle. Mais avec cette montée en puissance, le débat autour de sa régulation fiscale a pris de l’ampleur. En 2025, la France pourrait franchir un nouveau cap en instaurant une taxe sur les produits de vapotage. Examinons de plus près cette potentielle taxation et ses impacts.
Un amendement qui pourrait bouleverser le marché de la vape
Le 17 octobre 2023, lors du congrès annuel de la Confédération des buralistes, le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a annoncé qu’il n’y aurait pas de hausse du prix du tabac en 2025. Cependant, un amendement au Budget 2025 porté par Charles de Courson, député centriste, propose une toute nouvelle mesure : l’instauration d’une taxe sur les produits de vapotage. Ce projet prévoit une taxe de 0,15 € par millilitre de liquide, qu’il contienne ou non de la nicotine.
L’objectif de cette taxe ? Selon l’auteur de l’amendement, il s’agirait de « lutter contre les contournements fiscaux », en évitant que des liquides sans nicotine soient utilisés pour échapper à une potentielle taxation. Si cette taxe est adoptée, elle pourrait rapporter entre 150 et 200 millions d’euros par an, selon les estimations. Le tout avec un impact « modéré » sur le prix des produits, afin de ne pas décourager les 3,5 millions de vapoteurs français d’utiliser la cigarette électronique comme moyen de se sevrer du tabac.
Les préoccupations des acteurs du marché de la vape
Bien que l’intention du législateur soit de réguler le marché, cette proposition n’a pas manqué de faire réagir. Le syndicat Fivape, qui représente les professionnels de la vape, s’est empressé de dénoncer cette mesure. Selon eux, une taxe de 0,15 €/ml pourrait provoquer une augmentation des prix de l’ordre de 25 % pour une fiole de 10 ml et jusqu’à 38 % pour une fiole de 50 ml.
Ce bond tarifaire pourrait avoir plusieurs conséquences négatives. Tout d’abord, des fumeurs qui cherchent à passer à la cigarette électronique pourraient être découragés par cette hausse de prix. Ensuite, certains vapoteurs actuels pourraient se tourner à nouveau vers la cigarette traditionnelle, d’autant plus que le prix du tabac n’augmentera pas en 2025. Enfin, cette taxe risque d’impacter davantage les petites entreprises de la vape indépendante, qui détiennent 85 % du marché, au profit des grandes entreprises de tabac, qui vendent des systèmes fermés et pré-remplis.
Un débat qui va au-delà de la vape
L’un des arguments principaux du gouvernement en faveur de cette nouvelle taxe est l’harmonisation avec d’autres pays européens. En effet, la France n’est pas la seule à envisager la taxation des produits de vapotage. Actuellement, 19 pays européens ont déjà mis en place une fiscalité spécifique pour ces produits, avec des montants allant de 0,10 € par millilitre en République tchèque à plus de 1 € en Suisse.
Si l’initiative de taxer la vape est acceptée, elle serait vue par certains comme un moyen d’aligner la France sur les standards européens en matière de fiscalité des produits de vapotage. Mais cette harmonisation pourrait également créer des tensions avec le secteur de la vape français, qui redoute une concurrence accrue avec les pays voisins, où les prix pourraient rester plus bas, notamment dans les zones frontalières.
D’autre part, cette taxe soulève aussi des questions sur la place de la cigarette électronique dans les politiques de santé publique. Si la vape est perçue par beaucoup comme un outil de réduction des risques pour les fumeurs, une hausse des prix ne risque-t-elle pas de pousser les consommateurs vers des alternatives moins saines ? Cette question reste ouverte et risque de faire débat dans les mois à venir.
En route vers une nouvelle réglementation ?
La décision finale sur cette taxe sur la vape n’a pas encore été prise, mais les discussions qui s’annoncent au Parlement risquent d’être animées. Entre les préoccupations économiques, les impératifs de santé publique et les attentes des consommateurs, le gouvernement devra trouver un juste équilibre. Une chose est sûre : 2025 pourrait marquer un tournant majeur pour le marché de la vape en France, à la fois pour les consommateurs et pour les acteurs du secteur.